La chaise numéro 14

Fabienne Juhel

Le Rouergue

  • Conseillé par
    18 septembre 2015

    revanche

    Entrer dans un livre de Fabienne Juhel, c’est accepter de se laisser porter par son univers à part, et pourtant encré dans la réalité.

    Sous sa plume, elle fait la part belle à la nature : les animaux sont très présents, notamment les oiseaux, mais aussi les couleurs et les sons de la forêt. (Le renard fait même quelques apparitions dans ces pages).

    De couleurs, il en est beaucoup question avec la chevelure rousse de Maria, souvent comparée à un être vivant.

    Et puis il ne faut pas oublier la fameuse chaise qui la suit partout, comme une armure. Armure aussi la robe de fiançailles de sa défunte mère. Mais je ne vous en dis pas plus.

    Cette lecture, en plus d’être une réflexion sur la folie guerrière est également un enchantement pour les sens.

    L’image que je retiendrai :

    Celle des cheveux roux de Maria qui tombent en mèche sur le sol, mais la jeune fille est déterminée.

    https://alexmotamots.wordpress.com/2015/09/15/la-chaise-numero-14-fabienne-juhel


  • Conseillé par
    7 juillet 2015

    Fabienne Juhel - son mot préféré : « Lapis-lazuli »

    Mot préféré :
    Lapis-lazuli, une pierre et une couleur, une pierre céleste d'un bleu indigo, d'un bleu outremer ; un océan renversé, un mot à connotations poétiques et ludiques. Dans ce jeu dit du «Pendu», à chaque fois que j'ai utilisé le terme de «lapis-lazuli», j'ai toujours mis en échec les autres joueurs. Quoique peu précieuse, les Egyptiens en faisaient des amulettes -des scarabées sculptés- qui possédaient la vertu de favoriser l'intuition et le sommeil. Et puis j'aime sa sonorité, ses assonances de «a» et de «i», l'allitération de sa consonne liquide : le mot image un chat joueur dont la langue lèche et gratterait un peu. Lapis-lazuli, c'est un chat bleu -«le bleu est une couleur chaude»- qui lape à l'azur un peu de miel céleste.
    Fabienne Juhel

    (Contenu publié avec la collaboration du site www.lesmotsdeslivres.fr)


  • Conseillé par
    5 mars 2015

    Fin de la Seconde guerre mondiale, dans un village près de Saint-Brieuc quatre jeunes gens débarquent dans une Jeep en fin de matinée. Au nom de la lâcheté et de la passivité, ces maquisards de la région appelés les nettoyeurs veulent rendre justice à leur façon. Antoine le chef réclame un coiffeur. A cet appel, les passants avides de spectacle s'arrêtent car ils sentent qu'il va se passer quelque chose. Deux G.I. noirs qui voulaient aller déjeuner stoppent leur chemin également. Maria Salaün à la chevelure rousse flamboyante, fille unique de l'aubergiste, sait qu'ils sont là pour elle.

    Pieds nus et vêtue de la robe de fiançailles de sa mère, elle se présente à eux. Sans larmes, sans cris. Assise sur une chaise de bistrot dans la cour de l'auberge de son père, elle est tondue. Droite et digne, elle est punie d'avoir aimé un capitaine allemand. Personne n'a bougé ou n'est intervenu alors qu'elle est humiliée publiquement.
    Maria a décidé de se venger. "Montrer à tous que la honte n'était pas que de son côté. Que la honte n'était pas son souci, mais qu'elle deviendrait le leur, après". Six noms pour sa vengeance sans violence et sans sang. Alors que "la guerre pouvait transformer n'importe quel homme en assassin", Maria veut que chacune des six personnes comprenne sa faute pour regagner sa dignité.
    Et il n'y aura pas que ceux qui ont assisté à sa tonte. Celles dont l'ignorance associaient la couleur des cheveux de Maria au malheur à certaines administrations qui ont aidé le régime nazi, du coiffeur qui a obéi sans broncher à Antoine son ami d'enfance, ces personnes animées par la crainte, la lâcheté ou la jalousie se retrouvent face à cette jeune femme libre, lumineuse et déterminée.

    D'autres femmes tondues pour d'autres raisons sont présentes dans ce récit. Un roman qui rend hommage à ces femmes mais aussi une réflexion sur ce que la guerre sème et engendre, sur la différence et sur la notion de justice...
    L'écriture de Fabienne Juhel est toujours aussi rayonnante, poétique avec des symboles profondément liés à la nature. Encore une belle lecture !