nymeria

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Grande lectrice depuis toute petite et blogueuse depuis peu, j'adore lire pour m'évader, découvrir de nouveaux auteurs et partager mes impressions avec d'autres lecteurs. ^^

Au Diable Vauvert

15,00
Conseillé par
5 novembre 2014

« Zombie Ball » est le quatrième roman de Paolo Bacigalupi que je lis, un court roman jeunesse publié chez Au diable Vauvert (qui est de fait la maison d’édition associée à l’auteur, vu que tous ses livres ont été publiés chez eux). Chose qui se confirme à la lecture de ce roman, l’auteur est un de mes auteurs favoris. Il ne me déçoit jamais parce qu’il sait allier divertissement et morale, comme si chacun de ses romans servait de support pour écorcher des pratiques ou dérives douteuses. Avec « Zombie Ball », c’est sa version de l’apocalypse zombie qui nous est présentée, avec en sus un bon coup de pied dans la fourmilière de la chaîne alimentaire et la façon dont on traite les animaux d’abattoir. Qui a dit qu’on ne pouvait pas s’amuser tout en tenant des propos sérieux ? Certainement pas l’auteur…

« Zombie Ball » regroupe un certain nombre de références et possède une aura toute particulière qui devrait plaire à de nombreux lecteurs. Nos amis non-morts sont ici de joyeux bouffeurs de cerveaux qui vous couratent pour faire de votre matière grise leur quatre heures. Entre leur cri de guerre (Cerveaaaaaaaaaau !) et l’apparition de vaches zombies, on comprend de suite que l’auteur a choisi de prendre les choses avec humour en se rapprochant des films zombies-kitsch où tout est dans l’art de la dérision.

Ce n’est pas le trio de gamins au centre de l’histoire qui vous en fera (dé)mordre. Rabi, Miguel et Joe avec leurs vache(ries) et leur camaraderie à tout épreuve vous rappellera sans doute certains groupes de copains que l’on rencontre dans la nouvelle « Le corps » de Stephen King (connu sous le titre « Stand by me » dans son adaptation cinématographique) ou dans « Les Goonies », film culte des années 80. Oui, notre trio nous rappelle cette ambiance bonne enfant où le mot aventure prend tout son sens. On monte des plans farfelus, on se rebelle contre les petites frappes et on se laisse emporter par son esprit de justice… C’est une ambiance toute nostalgique qui nous envahit à la lecture de « Zombie Ball ».

Sans surprise, on retrouve donc ces fameux sales mioches, ceux qui se plaisent à humilier les minorités et les moins bien lotis. Ici, le méchant est aussi le fils du propriétaire des abattoirs qui seront la cause de l’apocalypse zombie. Si vous n’êtes pas encore végétariens, vous pourriez bien le devenir après avoir lu « Zombie Ball ». Bacigalupi s’interroge sur le contenu de nos assiettes et sur les conditions de vie des animaux d’abattoir. La façon dont on traite ces bêtes, sans aucun égard, nous renvoie à la manière dont on dupe le consommateur en lui vendant des sous-produits. Et ce n’est pas le scandale de la viande bovine qui nous contredira. Si l’auteur tire la sirène d’alarme, c’est en tout état de cause, et sa mise en scène pleine d’humour fait mouche. On se divertit, on réfléchit, on s’offusque pour finir sur une grande bataille de zombie ball. Qui sait si ce n’est pas le sport du futur ? Paolo Bacigalupi le sait peut être…

roman

Albin Michel

Conseillé par
5 novembre 2014

Coup de cœur pour ce roman à base historique qui dresse le portrait d’un Japon féodal où les samouraïs vivaient leurs heures de gloire. Figure emblématique de cette époque, celui qui se fera nommer plus tard « Musashi Miyamoto » se forgeait à coups de sabre un destin hors du commun. Histoire de ne pas offusquer les historiens, mieux vaut savoir avant d’entamer la lecture du « Samouraï » que le bouquin est largement romancé. De nombreuses zones d’ombre de son passé persistant, David Kirk lui invente une enfance et un héritage lourd à porter. Donc, forcément ce roman n’est pas à prendre au pied de la lettre.

L’ambiance du roman, immersive, colle quant à elle, particulièrement bien à l’époque décrite. Les codes et règles qui régissent le Japon féodal sont croqués avec crédibilité et souci du détail. On est transporté aux côtés de Bennosuke qui essaye d’embrasser son statut et son univers avec dignité tout en se posant de nombreuses questions sur le rôle d’un samouraï. Que signifie être un samouraï ? Que considère t’on comme honorable ? Le rang définit-il ce que l’on est ? J’ai été happée par la narration et par cette histoire d’honneur aux accents tragédiens. Les manipulations politiques entre daimyos qui se jouaient en coulisse ajoutent encore un peu plus d’épaisseur au récit.

La tradition du seppuku revêt ici un caractère sacré, honorable, malgré notre aversion certaine face à un acte qui semble barbare à nos yeux d’occidentaux. Toute cette cérémonie qui répond à des règles spécifiques est retranscrite par David Kirk avec brio, l’auteur prenant le temps de nous détailler chaque acte, chaque particularité. Le lecteur se retrouve transporté malgré lui à une époque différente, dans un pays différent où les mœurs et la tradition faisaient valeur de loi. Au point que ça ne choque personne qu’un enfant doive se faire seppuku pare qu’il est devenu le nouveau daimyo suite au décès de son père et qu’il est le légataire des péchés de son clan.

La galerie des personnages est intéressante parce qu’elle nous introduit les seigneurs comme les moines et les paysans. Une manière de nous introduire les différentes façons qu’avaient les contemporains de l’époque d’appréhender la vie. Le personnage de Dorinbo, l’oncle de Bennosuke qui est moine est particulièrement intéressant parce qu’il ne voit pas les choses de la même manière que son frère, seigneur d’une province. Pour lui la vie est sacrée et il aimerait que son neveu suive une autre voie, moins cruelle. Le récit se termine alors que Bennosuke, notre futur Musashi Miyamoto rentre dans sa vie d’adulte. De quoi espérer de la part de l’auteur une suite qui reviendrait sur la vie de rônin de Miyamoto et sur son fameux combat contre les 60.

Conseillé par
5 novembre 2014

« Les chevaux célestes » est ma première incursion dans l’univers de Guy Gavriel Kay et je dois dire que je n’ai pas été déçue après tous les retours positifs que j’ai eu sur l’auteur. Si ce beau pavé m’a attiré en priorité, c’est parce qu’il se passait dans la Chine antique et que je suis fan d’Asie et de tout le décorum qui avait cours à l’époque. Comme j’apprécie les histoires de cape et d’épées et de destinée impromptue, « les chevaux célestes » ne pouvait que me plaire.

Ce qui m’a le plus emballée est le cadre que nous présente Guy Gavriel Kay. Deux aspects sont représentés dans le récit, qui se confrontent continuellement. D’un côté nous avons les grands espaces sauvages, la puissance qui se dégage de la nature à l’état brut, de sa faune, le mysticisme qui imprègne cet environnement inhospitalier. Puis de l’autre c’est la beauté et la richesse des palais qui nous apparait dans toutes leurs splendeurs. La délicatesse des atours, l’envoûtement d’une danse, l’évocation d’un poème ou la douce mélancolie d’un instrument de musique. Cette ambivalence prend forme dans le personnage de Shen Tai, qui malgré le fait qu’il se soit retranché au milieu de nulle part pour enterrer les morts d’un champ de bataille, possède un sens moral et une ruse telle, qu’elle lui permettra de se faire une place à la cour impériale.

Si les décors sont somptueux et les descriptions à couper le souffle, la multitude de détails et les explications qui nous permettent de resituer l’époque finissent par nous lasser, Kay finissant par se répéter parfois inutilement. Je regrette que l’auteur n’ait pas été un peu plus à l’essentiel vers les 2/3 de son récit. L’intrigue se délayant et l’intérêt du lecteur s’émoussant quelque peu. Dommage, car le sujet et la structure du récit étaient par ailleurs captivant. Et la destinée des personnages finit vraiment par nous importer.

Bien que ce soit l’histoire d’un homme qui se retrouve aux prises avec des jeux de pouvoir un peu par hasard, l’auteur ne se contente de choisir un héros transparent et de peu d’intérêt. Au contraire. Au fur et à mesure du récit, on apprend à connaitre Shen Tai, à l’apprécier et à l’accompagner vers sa destinée exceptionnelle. A travers les yeux de sa sœur, à travers ses propres souvenirs d’enfance et de soldat, et par la façon dont il traite les gens autour de lui, Shen Tai se révèle bien plus complexe qu’on ne pourrait le croire (on qu’il voudrait nous le faire croire). Le récit de l’épisode qui lui a fait renoncer à sa vie de soldat et de dignitaire est tout bonnement horrible et on comprend les blessures qu’il traine depuis ce temps-là. Un personnage noble et modeste qu’on ne peut qu’apprécier.

Les personnages secondaires ne sont pas en reste. Du petit rôle de simple soldat qui trouve son bonheur à s’occuper d’un de ces fameux chevaux célestes, à la jeune fille dont on se sert comme d’une monnaie d’échange et qui se rebelle, en passant par un vieux poète ou un homme-loup qui a un pied dans l’autre-monde, chacun aura une tâche à accomplir dans cette fresque aux dimensions remarquables. Si la sauvagerie, la jalousie et la cruauté ne sont jamais loin, il en est de même de l’élégance, de la poésie et de l’abnégation. Un roman d’une puissance visuelle impressionnante, qui rappelle le meilleur des films de Wuxia. Si Shen Tai ne représente qu’une pièce de l’échiquier qui figure les forces en place, il pourrait bien faire mat. Oserez-vous suivre cette partie ?

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5 novembre 2014

Avec « L’heure indigo » de Kristin Harmel, on entre de plein fouet dans la chronique familiale à consonance historique, avec une pointe de romance juste ce qu’il faut, pour en faire un roman efficace et prenant. L’histoire tourne autour de Hope et de sa famille : ses relations ombrageuses avec sa fille Annie, ses difficultés financières dans la boulangerie familiale et les secrets enfouis de sa grand-mère qui souffre de la maladie d’Alzheimer. Si de prime abord, le récit semble se concentrer sur la vie quotidienne de Hope et de la mauvaise passe qu’elle traverse, la trame prend peu à peu une tournure plus historique avec le mystérieux passé de son aïeule qui a fui la France au début de la 2nde guerre mondiale. De quoi nous tenir en haleine le long de ses 400 et quelques pages que j’ai trouvées captivantes.

Le ton pudique et juste de Kristin Harmel fait le charme de ce roman tranche de vie qui ne tombe jamais dans le mélodrame. Les sentiments des personnages sont convaincants, entre l’adolescente en colère après le divorce de ses parents et la mère de famille dépassée par ses obligations et sa vie de famille chaotique. Trop souvent, on en vient à s’agacer de tel ou tel personnage dont les émotions paraissent surjouées. Ici, rien de tout ça. J’ai été sous le charme de tout ce petit monde, des personnes comme vous et moi, qui apporte une authenticité rafraichissante. Le passé douloureux de la grand-mère Rose m’a beaucoup émue. C’est en quelque sorte un bel hommage à toutes ces familles détruites par la guerre. Preuve que le devoir de mémoire est important.

De même, il semble évident que l’auteur a cherché à démontrer que le clivage entre les différentes religions n’a pas lieu d’être. Juifs, musulmans, catholiques, nous pouvons tous apprendre les uns des autres et créer des liens d’amitié. Un beau message. Puis vient le petit plus, les fameuses recettes de pâtisserie tirées de la boulangerie familiale. En partageant le secret de ces recettes avec nous, c’est un peu comme si Kristin Harmel nous intégrait dans la famille de Hope et Rose. C’est qu’on humerait presque les odeurs de pâtisserie au moment de leur sortie du four ! De quoi faire saliver le lecteur qui espère de tout son cœur que Hope pourra sauver la boutique familiale. Un beau roman à découvrir !

Conseillé par
5 novembre 2014

Après quelques romans éprouvants psychologiquement, j’ai eu envie d’un livre qui fait du bien et qui m’apporte une réflexion sur nos choix de vie. Les premières pages des « Falaises de Wangsisina » m’ont de suite charmé par le style limpide et élégant de l’auteur, j’ai su que j’avais trouvé ce qu’il me fallait ! Un joli roman qui nous fait prendre conscience que le bonheur n’est pas dans notre productivité et qu’il faut parfois savoir s’arrêter, juste un instant, pour contempler la beauté de ce qui nous entoure. Et pour réévaluer ce qui est vraiment important dans la vie.

Anand, jeune avocat vivant en Inde, reçoit une nouvelle qui sonne comme une condamnation à mort : il est atteint d’un cancer du pancréas à un stade avancé. Sa vie, qui tournait auparavant autour de son travail et son mariage, qui n’était plus qu’une formalité, tout lui semble tout à coup inutile et superficiel. L’horrible nouvelle lui dessille les yeux et c’est avec une lucidité acquise qu’il contemple sa vie. Sa femme le trompe avec son patron et accessoirement meilleur ami, son travail n’est pas apprécié à sa juste valeur et il s’est mis à boire inconsciemment de plus en plus. Que lui reste-il ? Plongé en plein désarroi, son médecin lui annonce une nouvelle inespérée, ils ont fait une erreur de diagnostic et Anand va vivre… L’occasion pour lui de reprendre sa vie en main et de se chercher spirituellement. Le voilà qui quitte tout pour le Bouthan, le pays du bonheur.

Ce qui envoûte de prime abord, c’est le style de Pavan K. Parma, émaillé çà et là d’une métaphore ou d’une réflexion qui pousse le lecteur à s’interroger, à ouvrir son esprit sur les choses de la vie. C’est poétique et en même temps pertinent, certaines interrogations nous ayant déjà traversé l’esprit à un moment ou à un autre. Plus d’une fois, l’auteur m’a fait penser à un archer qui encoche sa flèche et nous atteint de plein fouet. Preuve que l’homme connait bien la nature humaine. Malgré un pitch de base qui pourrait paraitre triste, le roman ne se complait dans aucun pathos, au contraire, ici on célèbre la vie et une certaine philosophie pour atteindre le bonheur. A travers Anand, notre narrateur unique, le lecteur découvre les merveilles de la nature du Bhoutan, avec ces paysages sauvages et grandioses, et son style de vie à cent mille lieux de nous. Plus qu’un pèlerinage, c’est une réévaluation de sa vie qu’entreprend Anand, avec au bout du chemin le bonheur, l’apaisement mais aussi l’amour. Un magnifique roman qui nous offre une philosophie bouddhique emplie de sa sagesse, qui fait du bien en ces temps incertains.