Sabine D.

16,90
Conseillé par (Libraire)
23 octobre 2020

Confession fulgurante !

Le narrateur, père, élevant, seul, ses deux enfants après le décès de leur mère, livre sur le ton de la confidence, dans un cri de douleur et de désespoir, les faits implacables qui mènent à la rupture avec son fils aîné de 20 ans. Alors que le fils cadet s’engage dans de grandes études, l’aîné s’accoquine avec de mauvaises personnes, s’éloigne de la cellule familiale et des valeurs dans lesquelles il a été élevé. Face la barbarie qui s’insinue dans son foyer, le père assiste, impuissant à l’irréconciliable, l’inévitable et l’irréparable. La finesse de ce récit réside dans la fulgurance des émotions contradictoires du père, taiseux avec ses fils mais bavard avec nous. L’amour paternel est au cœur de cette confession sans état d’âme, d’une vie âpre et meurtrie par les drames qui forgent cette famille à laquelle on s’attache. Au-delà de cette histoire, l’auteur interroge nos vies remplies d’une foultitude de riens qui selon leur agencement feraient de nous les rois du monde ou des taulards. Un coup de poing dans nos vies rangées !

Conseillé par (Libraire)
15 octobre 2020

Un livre enthousiasmant

Le narrateur, jeune ethnologue, s’installe dans un village des Deux-Sèvres, à la recherche de matériau pour la rédaction de sa thèse. Son but est de comprendre ce que signifie vivre à la campagne au XXIème siècle, en tenant un journal de ses activités dans une région représentative des enjeux actuels de la ruralité. Sa vie sociale progresse plus vite que la détermination de la problématique de sa thèse, en côtoyant les figures historiques du village qui se retrouvent au Café-Pêche, haut lieu de sociabilité et des habitants aussi différents que Martial, le maire-thanatopracteur, Lucie, l’écolo, Largeau , le prêtre, Max, l’artiste parisien exilé, Nicoleau, le médecin de campagne, Mathilde et Gary, ses logeurs, Kate et James, un couple de retraités anglais, Paco, Manuel et Yacine, rares habitants d’origine étrangère. Ce qui pourrait n’être qu’un simple questionnement sur le retour à la terre et une forme de dénonciation de la mauvaise foi écologique s’avère être un voyage passionnant. Ce roman est porté par un style truculent qui emprunte aux récits transmis par les générations, aux époques traversées par les terroirs, aux lieux chargés à la fois par l’Histoire qui les ont façonnés et des histoires personnelles qui les ont enrichis. On se laisse trimballer du passé le plus lointain au plus proche, savourant de délicieuses digressions sur les lieux emblématiques de l’Histoire, convoquant des figures (Gargantua, Fée Mélusine) et chansons mythiques. D’une densité rare et intelligente, ce roman est d’un enthousiasme contagieux. Laissez-vous porter par la puissance des forces de renaissance et de renouveau que la nature possède !

Une clochette sans battant

Actes Sud

16,00
Conseillé par (Libraire)
13 septembre 2020

A l'os des sentiments et des lieux

On retrouve avec bonheur le style délicat, sobre et épuré de l'auteure qui va à l'os des sentiments et des lieux en 163 pages. Anzu, la trentaine se trouve à un moment de sa vie, où, divorcée, élevant quasi seule son fils de 9 ans , elle se demande si elle n'est pas passée à côté du grand amour de sa vie. Jusque là, elle a tracé son sillon, vivant de son art, la poterie, à force de conviction et de volonté. Elle est entourée de parents aimants et d'amis bienveillants. Elle va bientôt découvrir combien elle s'était trompée sur sa soeur aînée. Il faut toute la subtilité de Aki Shimazaki pour nous transporter, en un clin d'oeil, au coeur de la société japonaise.

Albin Michel

19,90
Conseillé par (Libraire)
13 septembre 2020

A découvrir sans a priori !

Glaçant et saisissant le roman de ce jeune auteur nous plonge dans une ambiance houellebecquienne. Nicolas, 22 ans, étudiant à Science Po rencontre Harry, 18 ans, activiste dans un groupuscule d'extrême-droite : de cette rencontre charnelle va naître une passion toxique et galvanisante, mais aussi un attrait pour la radicalisation politique. Tous les deux sont mus par le dégoût de l'individualisme et de la culture marchande et animés par la volonté d'accomplir un grand dessein. L'intention de l'auteur est fine : en témoignant d'une certaine jeunesse française contemporaine, née avec le chômage de masse et les attentats du 11 septembre, il s'inscrit dans une démarche de roman social et politique, détaillant la notion de conscience sociale et l'attrait pour la radicalité, entre fougue identitaire et déraison juvénile. Ce roman brutal, cash et trash dissèque la mécanique de l'extrémisme (en amour et en politique), porté par une vision sombre de la société très violente qui n'invite pas à l'optimisme.

Roman

Sabine Wespieser Éditeur

22,00
Conseillé par (Libraire)
13 septembre 2020

Dans le Grand-duché d'Épône, calfeutré dans ses frontières, pays où la finance décide de la marche du monde, plaque-tournante de l'Europe où se jouent les réorientations, nous suivons des binômes, mal assortis à la recherche de sens : un grand reporter désabusé qui n'arrive plus à faire du monde une fiction et qui se voit proposer par son éditeur d'héberger un réfugié politique pour relancer son inspiration ; un universitaire, membre d'un groupe de jeunes intellectuels plongés dans la rédaction d'un pamphlet anticapitalisme, est englué dans une relation adultère avec une cheffe de projet dans la mode ; un demandeur d'asile, errant en attente de régularisation de ses papiers tombe amoureux d'une jeune femme qui fait des ménages chez les riches...

L'auteure décrit avec talent ce microcosme lié par des interactions sociales, personnelles et économiques. C'est aussi l'occasion de dénoncer l'hypocrisie des relations humaines, engluées dans la fatalité d'un système pervers n'obéissant qu'à sa propre perpétuation et la question migratoire comme rejet de l'autre comme de soi-même dans un monde dématérialisé. Ce récit est si dense en abordant tant de questions essentielles qui animent notre quotidien qu'il est resté dans mon esprit longtemps après sa lecture. Bon signe !