Hélène B.

Armitière -Rouen

Conseillé par (Libraire)
23 juin 2015

Drame solaire

J'ai un immense coup de coeur pour ce roman !

C'est l'histoire de Jacqueline. Elle vit sur une île grecque, au milieu des touristes, dans un complet dénuement. On la sent sur ses gardes : elle arrive du Libéria et évite la Police qui pourrait la raccompagner à la frontière. Entre la plage où elle erre et la grotte dans laquelle elle dort et a laissé ses affaires, elle ne rencontre personne, ne parle avec personne si ce n'est avec elle-même. Le temps passe. Dans sa tête se nouent d'étranges dialogues avec sa mère, son père ou encore sa jeune soeur. La folie n'est pas loin. Un jour, la serveuse du cabanon où elle va manger souvent l'invite à prendre un verre le soir. Jacqueline va lui dire alors ce qui lui pèse sur le coeur...
Délivrance par les mots du traumatisme vécu, latent.

Ce roman est bouleversant, atmosphère solaire, tension. Magnifique portrait d'une femme qui continue à avancer la tête haute, malgré toute l'horreur qu'elle a traversée. Un grand livre dont on ressort avec un regard modifié sur le monde et sur la vie.

Conseillé par (Libraire)
13 mai 2015

L'amour en fuite

Que faire de ses souvenirs quand tout autour de soi s'est écroulé ?

C'est une histoire d'amour déçue qui pourrait sembler somme toute assez banale si elle n'était pas narrée par un homme. Il raconte la perte de l'être aimé. Sans elle tout s'écroule. Le roman commence avec lui devant une fenêtre. Il se demande s'il va sauter. Heureusement il n'en fait rien et choisit plutôt le départ. Commence alors un voyage en Italie, sorte de pèlerinage amoureux, sur les traces des lieux qu'il a connus avec elle et qu'il retrouve des années après. De là, il lui écrit des lettres qui ressemblent un peu au journal de bord de son mal être. Il a emmené pour seul bagage "Les lettres à Lou" et parfois même, la confusion peut se faire entre sa prose et celle d'Apollinaire. C'est une écriture extrêmement belle et poétique.

"Ce que je pleure, ce n'est pas l'être aimé, c'est le monde qu'il m'avait ouvert, et sans lequel je ne sais plus où me mettre".

Se départir d'une forme de mémoire commune pour la revisiter: quel beau cheminement !

Conseillé par (Libraire)
22 avril 2015

De la guerre

C'est un roman sur la guerre dans lequel le fusil tient lieu de personnage à part entière. La guerre, la destruction qu'elle engendre mais aussi les passions dont elle se nourrit et qu'elle détourne pour mieux s'en servir est si parfaitement rendue que le lecteur est saisi dès les premières pages par la force de ce roman. Du Liban au Rwanda en passant par la Yougoslavie, on sait que le reporter Jean Hatzfeld a couvert les grands conflits de ces dernières années et qu'il a d'ailleurs failli plusieurs fois y laisser la vie. Il a témoigné de ces guerres dans de précédents livres, récits de guerre et romans. Ici, c'est une écriture d'une grande force mise au service de l'histoire (avec un petit h) et de la grande. C'est à lire !

Conseillé par (Libraire)
22 avril 2015

Les nouveaux Misérables

Ce n'est pas un roman noir ni même un roman social. Je dirais même que c'est très exactement la force de ce livre que de n'être pas classifiable.
C'est l'histoire d'un homme dont on ne connait pas le nom. Au chômage, il se retrouve SDF et avec quelques affaires personnelles, une plante verte et un exemplaire d'"En attendant Godot", il va habiter dans la voiture qu'un ami lui a prêtée. Dans la première partie, on le suit dans ses pérégrinations au coeur du XXeme arrondissement de Paris... C'est pour lui comme une sorte d'initiation à une vie plus vraie. Il vit dans le plus grand dénuement mais sans pour autant se sentir misérable. Puis, petit à petit, il va faire la connaissance d'une bande de sans-papiers révolutionnaires - Les Renards pâles - adorateurs du Dieu anarchiste des Dogon du Mali. On passe alors de l'individuel au collectif et le roman bascule...
C'est une exploration du quotidien des gens de peu, des exclus, des sans-grade qu'il nous est offert de vivre, viscéralement. Un livre fascinant et très engagé. Percutant.

Le Livre de poche

8,40
Conseillé par (Libraire)
22 avril 2015

Le retour de Madame Bâ

Présenté à sa sortie comme une suite de "Madame Bâ" (écrit dix ans plutôt), je tiens à dire que l'on peut très bien commencer par celui-ci sans se sentir perdu dans l'intrigue.

L'histoire donc: Madame Bâ habite en France et ses voisins se sont cotisés pour lui payer un voyage au Mali avec son petit-fils, un ancien footballeur devenu griot. Telle une Jeanne d'Arc africaine, elle veut libérer son pays des djihadistes. On va les suivre dans leur périple à travers le Mali.
J'ai retrouvé avec plaisir le talent de conteur d'Erik Orsenna. Il sait finement allier gravité et humour. On passe un très joli moment de lecture. Enfin bref, moi, je suis fan.