Hélène B.

Armitière -Rouen

Buchet-Chastel

Conseillé par (Libraire)
12 décembre 2014

Mémoires d'un taiseux

Ce dernier roman de Marie-Hélène Lafon est une pierre précieuse, un roman délicat.

Joseph a bientôt 60 ans, il est ouvrier agricole dans une ferme du Cantal et il « se finit ». Bientôt, il quittera l'exploitation de la Patronne et de son mari pour aller dans une maison de retraite. Joseph est un taiseux, un homme doux, résistant,travailleur et à la mémoire impressionnante. L'on pense au « Coeur simple » de Flaubert et la lecture ne peut s'interrompre tant le style, l'écriture de l'auteure relèvent d'un travail d'orfèvre. D'une intensité rare à ne pas manquer !

Conseillé par (Libraire)
27 novembre 2014

Mortel !

Le dernier livre d'Olivia Rosenthal est extrêmement original, décapant et déroutant. Il propose tout à la fois un jeu de piste, une forme d'enquête, un long cheminement au coté de l'auteur.
Questionnement sensible qui nous hante dans une valse infernale de genres différents : science fiction, séquences scientifiques d' E.M.I (expérience de mort imminente), thriller métaphysique, poésie, récit d'apprentissage.
C'est par l'écriture que l'on apprend comment esquiver les coups et si possible comment s'armer pour les rendre. Les mécanismes de survie nous sont accessibles si l'on est prêt à entrer en résistance face à l'omnipotence de la mort, sa menace permanente. Exercice périlleux, fascinant mené par cette auteure de talent :
« Les faits ne se contentent pas d'arriver, ils reviennent. Qu'on les accepte ou non, ils sont plus insistants et plus entêtés que les stratagèmes qu'on invente pour les éviter. Ecrire fait partie de ces stratagèmes.On croit contrôler, répartir, organiser et tenir le réel sous sa coupe et la plupart du temps on se laisse déborder. On avance aveuglément vers le dénouement pour découvrir in extremis qu'en fictionnant le monde on a seulement essayé de retrouver ce qui avait eu lieu et qu'on avait oublié. »

Conseillé par (Libraire)
10 octobre 2014

Un Art de vivre

Un jour d'automne, triste, une promenade dans les jardins du Jeu de Paume et une exposition consacrée à la photographe Diane Arbus.
Laurence Tardieu y rentre, sans connaître, sans savoir dans quelle expérience elle va alors se trouver entraînée. C'est l'épreuve de l'esthétisme, de la curiosité, du choc sensible et de la réaction vitale. Elle pénètre dans l'existence de l'artiste comme dans un jeu de miroirs et y retrouve un nouveau souffle, une énergie en parcourant ses propres souvenirs, son « héritage » culturel, ses choix, ses non-choix ; une enfance revisitée, des réponses aux questions, une forme de délestage d'un poids trop lourd à porter et une énergie créatrice insufflée par le Pygmalion.
Un roman très sensible, extrêmement bien écrit d'une romancière qui me touche depuis son premier livre. En somme, une forme de Renaissance par et pour l'Art : quelle belle aventure !

Conseillé par (Libraire)
9 octobre 2014

Dans le ring

C'est l'histoire d'un homme, de ses combats dans la vie ou sur un ring. Promis à la misère, il va connaitre une grande destinée. Turambo a commencé à se battre pour se défendre et puis, par pugnacité et parce qu'il a aussi su rester fidèle à ses valeurs, il est passé des combats de rue aux combats truqués avant de devenir un vrai champion de boxe. Il y a d'ailleurs de très belles pages sur la noblesse de ce sport. En filigrane, c'est aussi de l'histoire de l'Algérie de l'entre-deux-guerres dont il est question dans ce livre. Si l'auteur ne se prive pas de dire ce qui ne va pas en Algérie, il le fait sans dogmatisme et l'on sent bien l'attachement qu'il a pour ce pays. Mais avant tout, son épanouissement en tant qu'homme, Turambo le doit aux femmes qu'il a rencontrées tout au long de sa vie. Malheureusement, le temps fait son oeuvre et peut reprendre un jour ce qu'il a donné... Éminemment romanesque, du grand, du très grand Khadra ! Je le conseille à tous.

Sabine Wespieser Éditeur

20,00
Conseillé par (Libraire)
11 septembre 2014

Bain d'émotion

Ce nouveau roman de Yanick Lahens est un ravissement magistral qui m'a séduit tant par la qualité de son écriture que par l'histoire si envoûtante et passionnante.

Nous sommes à Anse Bleue en Haïti, un village où la terre et les eaux se confondent. Une jeune femme est retrouvée, échouée sur la grève après avoir eu à subir une grande violence. Elle est la voix qui porte le récit, en interférant directement à plusieurs reprises. Elle est à l'image du roman tout à la fois superbe, émouvant, d'une beauté violente.
Depuis trois générations à Anse Bleue, deux clans familiaux s'oppose : les Mésidor, riches propriétaires, hommes de pouvoir, qui ont fait main basse sur toutes les bonnes terres de la région et, les Lafleur, petits paysans pauvres, très attachés à leur pays, leurs valeurs et leurs croyances. Jusqu'au jour au Tertulien Mésidor croise le regard d'Olmène Lafleur. Ils se plaisent, leur attirance est réciproque et, de façon très ponctuelle, le lecteur, du bout des doigts affleure l' »apaisement » des deux lignées rassemblées « enfin »...
Mais cela est faire fi du ressentiment ancré dans la terre, de la politique de terreur, de son opportunisme et, consécutivement, des rumeurs de terreur et de mort qui se dispersent partout, ravagent tout. Face au malheur ambiant, les paysans qui se fient aux seules puissances souterraines nous ramènent au Vrai, à la Mémoire, à la Justesse et au Respect, bercés par le créole haïtien. Bel hommage qui leur est rendu : « Tenter de vivre toujours à hauteur d'homme » !

Ce roman est marquant, l'on y apprend beaucoup,comme « empreinté » par cette auteure, à lire absolument : Grand coup de cœur de ma rentrée littéraire !