Littérature contemporaine de langue allemande

Auteurs de Suisse

En Suisse alémanique, de jeunes auteurs, désormais parvenus à pleine maturité de leur talent, marchent sur les traces de leurs prestigieux aînés. Le Bernois Matthias Zschokke a reçu le prix Femina pour son roman "Maurice à la poule". L'année précédente, le Bâlois Alain Claude Sulzer remportait le prix Médicis étranger avec "Un garçon presque parfait". La qualité de cette littérature suisse allemande n'a pas échappé aux éditeurs français. Les éditions Bourgois traduisent et publient les livres de Peter Stamm et de Martin Suter, qui séduisent à la fois la critique et les lecteurs, tandis que Charles Lewinsky est publié chez Grasset.

10,40

«De tous les endroits où j'ai été, poursuivit le jeune homme, je suis parti très vite, parce que je n'ai pas eu envie de croupir à mon âge dans une étroite et stupide vie de bureau, même si les bureaux en question étaient de l'avis de tout le monde ce qu'il y avait de plus relevé dans le genre, des bureaux de banque par exemple. Cela dit, on ne m'a jamais chassé de nulle part, c'est toujours moi qui suis parti, par pur plaisir de partir, en quittant des emplois et des postes où l'on pouvait faire carrière, et le diable sait quoi, mais qui m'auraient tué si j'étais resté. Partout où je suis passé, on a toujours regretté mon départ, blâmé ma décision, on m'a aussi prédit un sombre avenir, mais toujours on a eu le geste de me souhaiter bonne chance pour le reste de ma carrière.»


roman

Le Livre de poche

11,90

Melnitz renoue avec la tradition du roman familial du xixe siècle : la saga des Meijer, une famille juive suisse, court sur cinq générations, de la guerre franco-prussienne à la Deuxième Guerre mondiale. 1871 : le patriarche Salomon, marchand de bestiaux, vit à Endingen, l’une des seules bourgades helvétiques où les juifs sont autorisés à résider. La famille commence son ascension sociale, sans jamais parvenir à s’affranchir du destin des exclus. 1945 : l’oncle Melnitz, revenu d’entre les morts, raconte. Il est le grand récitant de cette admirable fresque, hommage au monde englouti de la culture et de l’humour yiddish, tour de force romanesque salué comme un chef-d’oeuvre par une critique unanime.

Prix du meilleur livre étranger 2008.

Un torrent furieux qui vous entraîne au bout de quatre jours (quatre heures ?) de lecture frénétique, au bout d’une histoire folle et forte, tour à tour comique et tragique. Philippe Chevilley, Les Échos.


Walter Vogt

Bernard Campiche éditeur


Christian Bourgois

18,00

« Habilement construit autour de flash-back et d'incises, ce roman au rythme nonchalant et au ton discret possède une atmosphère à la fois tranquille et trouble dans laquelle il est difficile de ne pas se laisser prendre. Dans une langue précise et économe, Peter Stamm raconte sa crise et son errance (géographique, psychologique et sentimentale) comme à travers un voile, gommant leur dimension dramatique pour mieux exprimer les sentiments qui le hantent: l'étrangeté, la fatalité et, surtout, la conviction tenace que l'existence est absurde. » (Bernard Quiriny, Le Magazine littéraire)
« Pourquoi l'homme ordinaire, celui que rien ne distingue ou ne singularise, est-il devenu un inépuisable sujet romanesque? Probablement parce que la banalité, envisagée sous un certain angle, fait saillir le non-sens de la vie et donne le vertige. Le héros sans qualités, solitaire, qui ne coïncide plus ni avec son temps ni avec lui-même, est d'invention récente. [...] Un jour, c'était déjà l'avenir écrit Peter Stamm à la fin de son roman. Manière d'imaginer une rupture dans la succession infinie des hasards, de laisser un peu de lumière percer dans l'invisible prison où il a enfermé son personnage? » (Patrick Kéchichian, Le Monde)


20,00

Maurice passe ses jours dans son bureau du quartier nord de Berlin, là où débarquent les habitants de l’Est, une zone déclarée «sensible». Il écrit à son ami et associé Hamid à Genève, le plus souvent il ne fait rien. De l’autre côté de la cloison, quelqu’un joue du violoncelle, cela l’apaise, mais il ne réussit pas à dénicher le musicien tant le dédale des immeubles est inextricable. Il fréquente souvent le Café Solitaire, la Papeterie de Carole, passe devant le Bar à Films de Jacqueline des lieux dont les propriétaires changent souvent pour cause de faillite.

Dans ce roman fait de détails, d’esquisses et de lettres, Zschokke met en scène des existences sans gloire, des êtres blessés par la vie, pour qui il nourrit une tendresse sans limites.